Le Yoga est un art de vivre. Il nous invite à la réflexion, à l’introspection et à la découverte et l’expansion de notre monde intérieur. Cette philosophie prône la libération (moksha) par la destruction de l’ignorance (avidyā) et la reconnexion à notre nature véritable.
Selon les anciennes écritures du Vedanta, il existe quatre grandes voies (mārga) du Yoga pour atteindre cette libération par la purification de l’âme (atmashuddhi). Celles-ci peuvent être empruntées seules ou être suivies simultanément. Notons également qu’aucune d’entre elles n’est plus noble qu’une autre car toutes mènent à la même destination.
I. Bhakti Yoga ou Bhakti Mārga: La voie de la dévotion.
« Si, pour me servir, il se consacre sans faillir à la pratique de la dévotion, alors il peut être sûr de dépasser vraiment les qualités: il est prêt à demeurer en l’absolu. »
La Bhagavad-Gita, chant XIV, verset 26 (traduction de Marc Ballanfat, éditions Flammarion)
Selon cette voie, c’est la perte de foi dans le Divin ou dans la Conscience Universelle qui nous fait perdre conscience de notre nature divine. Le Bhakti-yogin doit alors s’abandonner complètement à la dévotion des qualités divines présentes en toutes choses et tourner son amour vers l’extérieur pour atteindre la pureté de l’esprit. Le Bhakti Yoga se pratique par les chants, la récitation de mantras, le puja, ainsi que par d’autres cérémonies rituelles. Cette voie est celle qui résonne avec notre nature émotionnelle.
II. Jñāna Yoga ou Jñāna Mārga: La voie de la connaissance.
« Rien ici-bas ne purifie autant que la connaissance. (…) Quand il l’a obtenue, il accède bientôt à la paix suprême. »
La Bhagavad-Gita, chant IV, extraits des versets 38 et 39 (traduction de Marc Ballanfat, éditions Flammarion)
Cette voie affirme que notre ignorance basée sur l’égo (ahamkāra) nous empêche de contempler notre vraie nature. Le Jñāna-yogin cherche alors à sortir de l’ignorance (avidyā) et de l’illusion (māyā) par l’introspection, le discernement (viveka), l’étude philosophique et le détachement (vairāgya). Cette approche intellectuelle de la libération est la voie la plus directe mais la plus difficile du Yoga.
III. Karma Yoga ou Karma Mārga: La voie de l’action désintéressée.
« Fais de l’action ta préoccupation principale, sans jamais en atteindre de bénéfices. Que le bénéfice de l’acte ne soit pas ta motivation, pas plus que la complaisance dans l’inaction. »
La Bhagavad-Gita, chant II, verset 47 (traduction de Marc Ballanfat, éditions Flammarion)
Le mot karma signifie action. Cette voie purifie le coeur et dissout l’égo en invitant son pratiquant à se détacher des fruits de ses actions. Par cela, l’esprit se libère de tout attachement et de toute implication émotionnelle aux choses, et le moi-profond se révèle. On compare souvent le Karma Yoga au service désintéressé (sevā) car ce dernier est facilement compréhensible et applicable par la société moderne. Mais pour le Karma-yogin, tout action doit être accomplie sans attentes personnelles, avec impartialité et équanimité, pour pouvoir atteindre un niveau supérieur de conscience.
IV. Rāja Yoga ou Rāja Mārga: La voie royale par le contrôle de l’esprit et par la méditation.
« Le Yoga est l’arrêt des fluctuation de la pensée. »
Le Yogasūtra de Patañjali, chapitre I, aphorisme 2.
Cette voie consiste en une approche méthodique de la pratique du Yoga visant à purifier et contrôler les fluctuations du mental pour atteindre la libération (moksha). Cette approche tire son essence du système des Huit Membres (aṣtāngayoga) compilé par le sage Patañjali dans son Yoga Sūtra. Le yogin, en suivant cette pratique (abhyāsa) de manière ininterrompue et avec détachement (vairāgya), peut atteindre l’éveil en transcendant le mental et accéder ainsi à sa nature véritable (ātman ou puruṣa).
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